
L’agnotologie, connait-on? Partie 1
Temps de lecture : 2 min.
« Ignorer l’ignorance, c’est demeurer dans le monde de l’inconscience. »– Mofaddel Abderrahim
Étonnamment avec une accessibilité facile à un abondant savoir, sommes-nous davantage connaissants ou ignorants?
L’historien des sciences Proctor[1] a observé l’attention marquée pour l’épistémologie (étude de la connaissance) au détriment de l’agnotologie (étude de l’ignorance). L’intérêt d’un tel article est inspiré par la situation sociale, politique, psychologique et morale dans laquelle nous sommes plongés depuis quelques temps et probablement depuis fort longtemps.
L’idée de cette chronique, qui sera présentée en deux parties, est de sensibiliser le lecteur aux rouages de l’ignorance :1) ce que nous ne savons pas; 2) en connaitre les raisons; 3) la manière de nous maintenir dans l’ignorance; 4) comment utiliser notre « je ne sais pas » comme un levier vers la connaissance.
Disons d’entrée de jeu que l’ignorance est nécessaire[2] à la recherche de connaissances. Soyons plus précis. C’est le fait de devenir conscient de notre ignorance qui est un élément clé faisant office de point de départ et aussi de point d’arrivée, ainsi de suite. Ce mouvement alimenté par une curiosité naturelle, peut être obstrué par divers mécanismes ayant pour effet de nous engourdir dans notre recherche de connaissances.
La première embûche à notre recherche de connaissances est soi-même. À part notre ignorance involontaire caractérisée par un manque d’information et qui s’exprime par « Ah, tu me l’apprends! Je ne savais pas que… », il y a l’ignorance volontaire.
L’ignorance volontaire se caractérise par le résultat de quelque chose que l’on choisit. Nous décidons de refuser de savoir pour divers motifs ex : manque d’intérêt, peur de confronter nos connaissances, déni d’en avoir besoin, dissonance cognitive, discordance entre nos émotions et nos connaissances créant une paralysie réflexive, etc. Ce refus est présent même si l’information est disponible et voire pertinente à considérer. Il y a également la stratégie de se concentrer sur ce qui fait notre affaire, donc de choisir ce que l’on veut savoir et d’ignorer ce qui nous contrarie. Une façon simple de régler notre inconfort que peut susciter une situation perçue paradoxale.
Le choix d’ignorer (ou de savoir) nous appartient, c’est une question de responsabilité. « Chaque homme est totalement responsable de ses actes… » – Raël[3]
La deuxième embûche est la source de l’information. Notre recherche de connaissances nous amène à consulter divers médiums : médias, experts, scientifiques, producteurs, etc. Nous dépendons de ces médiums pour obtenir l’information recherchée. Par le fait même, à tort ou à raison, nous leur faisons confiance puisqu’il nous apparaît logique de nous en remettre à ceux qui savent. Nous appuyions notre confiance sur le principe que ces médiums ne peuvent abuser de la confiance que nous leur accordons.
Certains de ces médiums (producteurs, industriels, etc.) ont pour objectif de vendre et marketer leur produit en vantant les bénéfices tout en dissimulant de l’information. Certains, entre autres, des pharmas, des cigarettiers, vont même jusqu’à parasiter les mises en garde, les conseils émis par des tiers en orchestrant des études afin de faire diversion et même donner de fausses informations.
D’autres médiums, entre autres des conseils scientifiques indépendants, ont pour objectif d’assurer un contrôle et une régulation en informant le public des impacts du produit ou en proposant d’autres avenues. Et ce, par divers moyens pédagogiques ou d’études non partisanes corroborant leurs découvertes enrichissant ainsi le patrimoine des connaissances.
La troisième embûche est ce que le sociologue portugais Santos[4] a nommé en référence à l’élimination de connaissances, de pratiques sociales des peuples colonisés, « épistémicide ». Nous sommes depuis quelques temps confrontés à une stratégie de la part de certains médiums qui visent à discréditer ceux qui présentent un discours basé sur une démarche intellectuelle honnête soutenue par une méthodologie scientifique rigoureuse donnant des résultats positifs et robustes dans le temps. Ces médiums sèment le doute avec une approche perverse qui met en doute, voire qui méprise le patrimoine des connaissances, en faisant croire que leurs soi-disant connaissances sont soutenues par des experts chevronnés. Ces propos donnent l’illusion d’une légitimité puisqu’ils réussissent à influencer les décideurs. Ces derniers utilisent ces soi-disant connaissances pour orienter leurs politiques formalisant ainsi ces connaissances, en laissant sous-entendre l’obsolescence du patrimoine des connaissances.
« Seule une minorité peut être consciente, la majorité, quant à elle, forme toujours un troupeau bêlant dont il faut se méfier comme de la peste et se tenir à l’écart, si l’on veut rester soi-même et conserver un cerveau au maximum de ses possibilités. »[5] – Raël
Accorder notre confiance aux médiums qui semblent « avoir des intérêts » qui sont bons pour nous, en plus de faire la sourde oreille et l’aveuglement volontaire à nos propres intérêts, nous faisons que suivre tous et chacun sans discernement.
Comment se prémunir de tomber dans le piège tout en considérant l’information? Le doute envers ces médiums est un rempart pour préserver son esprit critique nécessaire à son libre arbitre. Allons voir la suite dans la partie 2 de L’agnotologie, connait-on?

Rachel Bluteau
Chroniqueuse pour le Mouvement Raélien
[1] Godrie B., Bandini A. : Ce que l’ignorance nous apprend, https://journals.openedition.org/aof/11300, paragraphe 2
[2] L’ignorance est nécessaire (Voltaire, le philosophe ignorant) https://www.youtube.com/watch?v=YjhRv08AerY
[3] Raël : Propos du Maitreya, de A à Z, http://raelcanada.org/wp-content/uploads/2017/04/Maitraya_paroles-70-a.H.-FR.pdf P. 89
[4] Godrie B., Bandini A. : Ce que l’ignorance nous apprend, https://journals.openedition.org/aof/11300 (en anglais seulement)
[5] Raël : Propos du Maitreya, de A à Z, http://raelcanada.org/wp-content/uploads/2017/04/Maitraya_paroles-70-a.H.-FR.pdf P. 106