
Au 18ème siècle, le philosophe Jean-Jacques Rousseau écrivait : « toute l’éducation des femmes doit être relative aux hommes. Leur plaire, leur être utile, se faire aimer et honorer d’eux, les élever jeunes, les soigner grands, les conseiller, les consoler, leur rendre la vie agréable et douce : voilà les devoirs des femmes dans tous les temps, et ce qu’on doit leur apprendre dès leur enfance. »

À la lecture d’un article de la journaliste Marie-Ève Morasse, publié dans La Presse le 24 septembre, « Une classe pour les garçons, une classe pour les filles », nous pouvons nous poser la question : La société a-t-elle vraiment évoluée en 3 siècles ?
À la recherche d’une meilleure efficacité scolaire, une école de Gatineau propose que l’apprentissage des garçons soit centré sur la robotique et les technologies, tandis que celui des filles soit plutôt axé sur les plantes et le jardinage. Voilà comment les stéréotypes continuent de persister 3 siècles plus tard.
Les emplois d’aujourd’hui sont des emplois de haute technologie. La science devrait être au sommet de nos priorités tout sexe confondu. Mais, quand il est question de la disparité entre les sexes en science, technologie, génie et mathématiques, le Canada fait piètre figure.
Dans une lettre adressée à Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, l’architecte Chantal Sorel, et 42 autres signataires, réagit fortement à l’article de Mme Marie-Ève Morasse. « En permettant l’enseignement et la perpétuation du rôle des sexes, nous manquons à notre devoir envers les filles – et nous compromettons notre avenir. Nous sommes au cœur de la quatrième révolution industrielle et la demande pour les ingénieurs et les informaticiens atteint un sommet sans précédent ». « Il faut exposer les filles à la science ».
Un article paru cette année dans The Guardian met en lumière certains des dangers et des inégalités que comporte un monde conçu par les hommes pour les hommes. Par exemple, les équipements de sécurité dans les voitures sont conçus pour des hommes et les mannequins utilisés dans les simulations d’impact sont fondés sur une personne moyenne de sexe masculin. Résultat : 71 % des femmes sont plus susceptibles de subir des blessures de gravité importante et modérée, lors d’une collision pour 47% des hommes.
Doina Precup, professeure agrégée à l’École d’informatique de l’Université McGill*, croit qu’il y a encore des recherches à mener pour comprendre pourquoi les femmes sont aussi peu présentes dans ce milieu. Roumaine de naissance, cette scientifique note qu’en Europe de l’Est, où il est normal pour les femmes d’envisager une carrière dans ce domaine, les deux sexes sont également représentés dans les métiers technologiques. Il est clair que les jeunes filles et femmes exposées à la science et à la technologie sont tout aussi passionnées à l’égard de ces domaines que les garçons et les hommes.
Le 28 décembre 2005 à Brazzaville, Maitreya Raël expliquait l’importance de développer le leadership de la femme, de scolariser les filles et que chaque jeune enfant fasse ce qu’il aime, comme développer le goût pour la science, pour la connaissance.
(…) « Avez-vous une idée de cette pression collective qui se fait, qui veut qu’on force les garçons à agir comme des garçons et les filles à agir comme des filles. ‘‘Les filles doivent être sensibles, doivent pleurer, doivent être délicates’’. Même, malheureusement dans certaines régions du monde, particulièrement en Afrique, ce n’est pas la peine de les amener à l’école, ce n’est pas la peine qu’elles étudient. Les hommes, eux, vont pouvoir étudier, aller le plus loin possible. Ce sont des erreurs monumentales. » Ces propos sont contenus dans le livre « Les Royaumes Unis de Kama » (Afrique)
L’égalité des sexes est un objectif de la Déclaration universelle des droits de l’homme et constitue l’Objectif de développement durable no.5 de l’ONU : alors, de grâce, dirigeons nos énergies à l’acceptation des genres plutôt que de revenir à une éducation à la Jean-Jacques Rousseau.
Lyliane Jolly
Chroniqueuse pour le Mouvement raélien canadien
*Doina Precup est également membre du Montreal Institute for Learning Algorithms (MILA) et directrice du laboratoire.